Cette thèse est une contribution à la compréhension de l’étalement urbain et particulièrement la périurbanisation de la ville de Kinshasa, auxquels les changements résidentiels ont largement contribué.
La périurbanisation est un processus d’urbanisation ancrée dans les dynamiques territoriales des populations dans les métropoles.
Le rythme d’accroissement de la population de Kinshasa interpelle sur beaucoup de plans, notamment celui du processus d’urbanisation et de métropolisation.
Ce rythme est à situer dans le cadre d’une croissance de sa population sans précèdent. La population de Kinshasa a doublé huit fois entre 1920 et 2001 ; il n’est pas douteux qu’elle doublera encore deux fois avant une vingtaine d’années.
De toutes les variables disponibles pour caractériser un territoire ou rendre compte de son urbanisation, la population est une variable privilégiée.
Ce phénomène de périurbanisation s’est manifesté avec acuité à Kinshasa après l’indépendance du pays en 1960 ; notamment vers la fin des années 70-80, période à partir de laquelle la politique de l’habitat s’orientera vers l’accès à la propriété individuelle.
Et, l’on va déjà constater, malheureusement, aussi bien, l’échec des plans d’aménagement urbain de la ville de Kinshasa et l’envahissement des terres par les squatteurs que l’émergence de solutions satisfaisantes ou la formulation de propositions « de la théorie d’aménagement urbain du possible ».
Actuellement 79,8% de l’habitat de Kinshasa est issu des quartiers d’auto-construction ; cela indique clairement le mode dominant de l’accès au logement et le principal mode de production de l’habitat à Kinshasa.
Dès lors, les communes périurbaines sont devenues des espaces privilégiés, où se dessine le devenir de la ville, en accueillant un grand nombre de populations dans de nouveaux lotissements surtout clandestins, beaucoup plus sur les vastes plaines à l’Est de la ville sur les espaces réservés à l’agriculture.
Il est donc question dans cette thèse, d’une façon générale, « de comprendre l’étalement urbain à travers la mobilité résidentielle périurbaine et ses implications sur l’espace habité ».
Spécifiquement, analyser les différentes étapes de l’urbanisation de la ville de Kinshasa, les dynamiques de sa population et leurs aspirations en matière de logement, les trajectoires résidentielles des chefs de ménages migrants périurbains et les implications spatiales qui en découlent.
Cela a fait que, l’étalement urbain soit le produit des logiques de la décision de migrer et de choix de la localisation résidentielle vers la périphérie. Il a paru nécessaire pour nous, d’identifier les facteurs de cette décision qui comprend deux composantes : le choix de déménagement et celui de la nouvelle localisation.
Cette recherche a mis en évidence l’importance de la mobilité résidentielle en général, et périurbaine en particulier, son impact sur l’étalement urbain de la ville de Kinshasa et les facteurs, aussi bien de cette mobilité résidentielle que ceux de l’étalement urbain.
La compréhension des facteurs de la mobilité résidentielle périurbaine et la maitrise de l’évolution de la population de Kinshasa permettront d’établir des schémas d’urbanisation et d’extensions urbaines, dans le cadre d’une planification urbaine durable orienté vers l’éco-urbanisme.
Pour réaliser cette recherche, outre les données secondaires sur l’évolution de la population, de l’habitat et de l’urbanisation de Kinshasa, nous avons mené une enquête biographique rétrospective auprès des 355 chefs de ménages migrants périurbains.
La collecte de ces données et le corpus d’entretiens nous ont permis de retracer l’histoire familiale, professionnelle (active), résidentielle, les stratégies économiques de survie et l’insertion de ces ménages migrants périurbains.
Cette approche a permis de suivre les différents événements sociodémographiques des enquêtés, depuis leur naissance jusqu’au moment de l’enquête.
Nous avons ainsi mis en exergue les facteurs de la mobilité résidentielle périurbaine qui conduisent à l’étalement urbain et les principales stratégies socio-économiques (médiations) qui permettent l’insertion des ménages migrants dans ce nouveau milieu d’accueil.
Nos propositions concernent, dans l’ensemble, sur la nécessité de rétablir le rôle de l’Etat en matière d’urbanisation en veillant sur les mesures et dispositions nécessaires à travers une politique d’urbanisation durable qui accompagne le besoin en logement, l’auto construction et l’étalement (l’expansion de la ville de Kinshasa).
En plus, nous proposons de prendre en compte dans les plans d’aménagement et de développement urbain la variable démographique, les conditions de vie et aspirations des ménages.
Leave a Reply