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La ville coloniale : contraintes naturelles et implantation du noyau colonial

La ville coloniale kinshasa

Pour mieux comprendre les mécanismes qui sous-tendent cette forte croissance urbaine, nous allons retracer dans cette section les grandes étapes de l’occupation de la ville de Kinshasa.

L’analyse de sa croissance urbaine et spatiale a permis de définir trois villes ou trois types d’urbanisation. Ainsi, l’occupation du site a été marquée, à ses débuts par les contraintes naturelles et l’implantation du noyau colonial (c’est la ville coloniale).

Plus tard, l’action des administrateurs et la puissance des intérêts privés ont déterminé une ossature qui a marqué encore le paysage (c’est la ville issue de la volonté d’aménagement des années 50).

Enfin, l’échec des plans d’urbanisme récents a conduit aujourd’hui à une urbanisation sauvage et incontrôlée (c’est la ville issue des échecs des plans d’urbanisme, ville spontanée).


Kinshasa, la métropole : contexte général de l’étude, urbanisation et habitat 89
2.8.1. La ville coloniale : contraintes naturelles et implantation du noyau colonial
L’explorateur Henri Morton Stanley crée en 1881, la station de Léopoldville sur la baie de Ngaliema au bord du fleuve Congo. Le 24 décembre 1881, Stanley signe un pacte de fraternité (appelé aussi ‘’traité de l’amitié’’, parfois même ‘’pacte de sang’’) avec les chefs locaux, et obtient le droit d’établissement sur le site de Kintambo aux bords de la baie de Ngaliema (l’emplacement de l’actuelle commune de Kintambo).

A cet endroit, il fonda un poste, qu’il appela d’abord « Stanley Pool station », avant de le baptiser plus tard « Léopoldville ». Il donna ce nom de Léopoldville à cette première installation le 14 avril 1882, en hommage au Roi des Belges pour qui Stanley agissait.


Néanmoins, Kinshasa était déjà un point de polarisation de l’espace et une importante agglomération lors de l’arrivée des Européens.

Stanley écrit une semaine après son installation sur le mont Ngaliema : « je n’avais pas soupçonné jusqu’ici l’importance de la population de Kintambo.

Cette localité a environ 5 000 habitants » (Stanley, cinq années au Congo de 1879-1884, 2è Ed. Bruxelles ; dans L. De Saint Moulin, 2010 : 239).

Le site Kintambo comprenait à cette époque environ 66 villages33 antérieurs à Stanley et une population estimée à 30.000 habitants dans la plaine aujourd’hui occupée par la ville.


Stanley fonda une autre station, près du hameau de Nsasa34 (Nsasa signifie ‘’marché’’), avec l’accord du chef Ntsuvila.

« Ce village donna son nom à la ville actuelle (Kinshasa), se dressant, avec le village de Mpumbu35, là où se trouve
33 Dans son ouvrage ‘’Kinshasa ma ville, ma capitale (2014), Bolia note que : « D’après Léon de Saint Moulin, à l’origine, Kinshasa était un ensemble de villages qui ne reflétaient pas moins son identité et sa personnalité.

Les premiers occupants étaient – et y sont encore – des Humbu et des Teke, des peuples qui ont certes des références historiques distinctes, mais qui parlent des langes similaires et partagent les mêmes terroirs.

La région du Pool Malebo, qui contient la ville de Kinshasa, était un centre important de commerce et cette activité avait suscité le développement d’une vaste agglomération composée des Tio, Humbu, Yansi, Kongo.

Les Humbu contrôlaient les collines qui encerclent la plaine de Kinshasa et de nombreux liens les unissaient aux Tio ; leurs villages étaient visités par les caravanes Kongo et par les pirogues Yansi qui pénétraient dans la vallée de la Ndjili.

Dans la tradition orale, poursuis Léon de Saint Moulin, il est tenu pour acquis que les Bahumbu sont arrivés à Kinshasa venant de San Salvador et que les Bateké y sont venus de la rive nord, pour la plupart à une date ultérieure » (Léon de Saint Moulin, 2012 : 36, dans Bolia Ikoli, 2014 : 35-36 et que nous avons aussi lu)
34 Nsasa aussi orthographié, N’shasa, Inasa, Inshasa, (certains auteurs supposent que le ‘’h’’ ne serait pas authentique), village qui donnera son nom à Kinshasa.

A l’origine, Inshasa était un ‘’Nganda’’ (campement) des pêcheurs Teké, situé sur l’île Mbamu, au milieu du Pool Malebo.

Ses habitants se dispersèrent à la suite des diverses guerres.

Certains s’installèrent sur le plateau de M’fua, l’actuel emplacement de Brazzaville, tandis que d’autres émigrèrent sur la rive gauche où ils fondèrent à Mpumbu, sur des terres Humbu, une colonie riveraine teke dont les habitants s’appelaient « les gens du fleuve », (Boli, 2014 :36).


35 Mpumbu était un grand marché et un district de la province de Nsundi, dans le royaume Kongo, et comprenait plusieurs anciens villages et agglomérations traditionnelles dont Inshasa (en langue teke, tsasa = vendre ; insa = petit marché), Intambo, Mbanza Lemba, Lumeti, Luvula, Ngombe, etc.

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