- D’un point de vue économique, l’étalement urbain génèrerait des dépenses importantes.
- Il pourrait nécessiter des aménagements massifs d’infrastructures, de réseau de distribution d’eau, d’électricité et de services publics (Burchell et Mukherji, 2003) mais cette question reste très controversée (Burgess, 2000). En revanche, les ménages doivent supporter des coûts de mobilité plus importants car ils sont obligés de se motoriser pour pouvoir se déplacer en périphérie.
- D’un point de vue social, l’étalement urbain tend à aggraver les inégalités d’accès à la ville au niveau individuel. Les emplois et les services sont généralement plus éloignés de la zone de résidence du ménage en milieu peu dense (Hillman, 1996). La destruction environnementale n’est pas la seule conséquence de l’étalement urbain : ce dernier implique aussi des modifications sociales qui influencent très directement la cohérence urbaine mais qui sont extrêmement à appréhender. Plusieurs éléments lisibles dans le paysage périurbain permettent néanmoins de faire référence à cette nouvelle donne sociale, qui pour une part, correspond à une ségrégation socio-spatiale accentuée par le processus d’étalement urbain.
(2) La ville compacte comme une forme de développement urbain durable
Ces différents constats ont conduit les pouvoirs publics à s’interroger sur la forme urbaine qui pourrait répondre à ces trois critères de durabilité. Les différents travaux portant sur les liens entre densité et mobilité ont progressivement conduit à la promotion du modèle de la ville compacte. Ce modèle encourage le développement de zones urbaines, à usage mixte, bénéficiant d’une bonne offre de transports collectifs et dont les « dimensions humaines » sont favorables aux modes doux (Burton, 2000). Les deux principaux avantages supposés de ce type de développement urbain sont la réduction de la dépendance automobile, la préservation des espaces naturels et un meilleur accès aux ressources urbaines (Burton, 2000). Cependant, un certain nombre d’auteurs ont mis en doute les bénéfices environnementaux, économiques et sociaux que pouvait apporter la ville compacte (Breheny, 1996 ; Gordon et Richardson, 1997). Les nombreux débats entre les partisans et les opposants à la ville compacte conduisent à un certain nombre d’arguments clefs en faveur, et contre la mise en place de ce modèle d’aménagement urbain.
Chapitre
Les opposants à la ville compacte ont en général deux types d’arguments (Breheny, 1996). D’une part, il vaut mieux laisser le marché s’autoréguler et trouver la forme urbaine optimale plutôt que d’intervenir sur le développement urbain. D’autre part, le phénomène d’étalement urbain est de toute façon le résultat de la satisfaction individuelle des ménages (préférences pour les logements spacieux et les aménités naturelles). En revanche, les partisans de la ville compacte soulignent les dangers liés à l’aggravation de l’effet de serre, de la pollution à l’échelle locale et de la destruction progressive des espaces naturels et des écosystèmes. Pour Gordon et Richardson (1997) l’intervention de l’Etat en matière de planification urbaine afin de limiter l’étalement urbain est inutile. Nous soutenons que l’étalement urbain est une conséquence naturelle du marché et de la préférence individuelle des ménages.
2.6.2.3. L’explosion démographique des métropoles du Tiers-Monde
Même si aujourd’hui le processus de métropolisation des villes n’est plus tellement analysé dans sa dimension démographique, force est de reconnaître que le développement rapide des métropoles du Tiers-Monde est toujours intimement lié à la croissance naturelle de la population et au phénomène de l’exode rural et d’immigration. A cause de taux élevé de natalité et d’une baisse rapide de la mortalité, la croissance naturelle des pays du Tiers-Monde a été particulièrement élevée depuis le début de ce siècle. Cependant, suite à une baisse progressive de la natalité, le taux d’accroissement de la population des pays du Tiers-Monde a commencé à décroître à partir du début des années 70 (Massiah G., Tribillon J.F., 1988)
Le modèle de la “transition démographique”31 construit en fonction de l’évolution de la population des pays européens semble donc s’appliquer aussi dans quelques pays du Tiers-Monde32. On passerait donc par un modèle qui se caractérise par des taux de natalité et de mortalité élevés (nombreuses naissances, beaucoup
31 La transition démographique : est un passage d’un régime démographique traditionnel avec une fécondité et une mortalité élevées, à un régime moderne de fécondité et de mortalité beaucoup plus faibles suite en général à une amélioration des conditions de vie.
32 Dans les villes du Tiers-Monde, il semble que l’évolution des taux de croissance démographique ait été quelque peu différente. Selon Bairoch, la logique du développement des grandes villes du Tiers-Monde s’est caractérisée jusqu’au milieu de ce siècle par une surmortalité (mortalité infantile, épidémies, etc.), et à partir du milieu de ce siècle par une relative sous-fécondité. Cependant, malgré ces éléments plutôt favorables à la limitation du taux naturel de croissance, les métropoles du Tiers monde ont souffert de la lenteur d’adaptation des comportements humains. En effet, l’adaptation de la fécondité à la baisse de la mortalité est un processus lent qui nécessite d’importants changements culturels. Pour cette raison, la croissance naturelle de la population dans les villes du Tiers-Monde, même si elle est en baisse, explique encore aujourd’hui la moitié de l’inflation urbaine. de morts jeunes) à un type d’évolution démographique caractérisé par des taux de natalité et de mortalité beaucoup plus bas. Depuis une trentaine d’années, les progrès de la médecine ont induit une baisse drastique des taux de mortalité, baisse qui s’est également accompagnée d’une baisse progressive des taux de natalité dans une majorité des pays du Tiers-Monde. Ce phénomène est également lié, avec des résultats variables, à la mise en place dans certains pays des politiques publiques antinatalistes affirmées (planning familial). Nous pensons que cette politique est peu applicable dans les périphéries suite au manque de moyens et aussi, quelque part, le problème de culture.
La ville compacte comme une forme de développement urbain durable

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