Somuchnews

Somuchnews about all trend news

Ce n’est donc pas exagéré de reconnaitre qu’il y a une grave crise de logement aujourd’hui à Kinshasa

Reconnaitre qu’il y a une grave crise de logement à Kinshasa

Ce n’est donc pas exagéré de reconnaitre qu’il y a une grave crise de logement aujourd’hui à Kinshasa.

Il y a près d’une trentaine d’années déjà, la Caisse Nationale d’Epargne et de Crédit Immobilier (CNECI), évaluant les besoins en logement, avait estimé un déficit cumulé de l’ordre de 162.577 logements entre 1979 et 1985.


Le Plan d’Action National pour l’Habitat, élaboré en 2001 sur base de l’état des lieux effectué par l’ENHAPS, avait défini six catégories de ménages à risque, susceptibles de souffrir d’un déficit de logements.

Il s’agit des ménages vivant en sous-location, dans des unités de bâtis inachevées, dans des unités de bâtis précaires, en cohabitation22, dans des bidonvilles ou dans des zones à risque23.

Le nombre total de ménages à risque dans la ville de Kinshasa en 1999 a été estimé entre 372.854 et 566.464 unités ; ce qui représente pour une taille moyenne de 6 personnes par ménage environ 2.237.124 à 3.398.784 d’individus à loger, soit 37 à 56% de la population totale de la ville24.


Les besoins immédiats en logement pour l’année 1999 étaient répartis comme suit : 7.325 ménages sous-logés ; 113.841 ménages vivant dans des chantiers inachevés ; 30.440 ménages vivant dans des constructions précaires ; 2.305 ménages vivant dans des bidonvilles ; 7.399 ménages vivant dans des zones à risque et entre 211.474 et 405.085 ménages vivant en cohabitation.

Le tableau ci-dessus, synthétise les projections des besoins en logement faites jusqu’à l’horizon 2015.

Il se dégage un écart grandissant au fil des années entre le nombre des ménages en nette progression depuis 1999 et les besoins annuels croissants en logements jusqu’en 2015.

Les chiffres montrent que les besoins annuels en logements passeront de 14.619 unités annuelles en 1999 à 33.114 unités en 2015.

Parallèlement, les effectifs des ménages augmenteront de 570.364 en 1999 à 929.796 en 2015.

Il faudra donc loger plus de 40% des locataires kinois, si l’on s’en tient aux statistiques, sur 764.225 ménages en 2010.


L’ENHAPS (1999), présente deux scenarii sur la production des logements afin de couvrir les besoins et rattraper le retard.

En 1999, l’ENHAPS et le Plan d’Action National pour l’Habitat (2001) projetaient à 33.114 unités le besoin global annuel en logement entre 2010 et 2015. Et, pour le Document Stratégique de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (DSCRP) élaboré en 2004, Kinshasa devrait bénéficier de 35.000 logements par an pour rattraper le déficit.

Malheureusement, jusqu’aujourd’hui, aucun scénario n’a été mis en oeuvre.

Ces prévisions sont probablement éloignées de la réalité actuelle, compte tenu de situation socioéconomique du pays.

La conséquence visible de cette crise de logement est triple : la spéculation locative, immobilière et foncière.

Ces estimations ne figurent dans ce travail qu’à titre illustratif.


2.3.4. Dynamique migratoire
Quelques éléments sur l’histoire des migrations en RDC
Dans sa thèse, Mangalu (2011: 21-22), donne l’histoire migratoire de la RDC durant l’époque coloniale.

Il montre une très faible mobilité de sa population, à cette époque, tant pour les migrations internes que pour les migrations internationales.

Cette faiblesse était due à diverses entraves aux déplacements des populations locales mises en place par l’Administration coloniale.

En effet, il fallait se munir d’un « passeport de mutation » avant de quitter un milieu coutumier pour la ville (Makwala et Lututala, 1998 ; Ngoie et Vwakyanakazi, 2008).

Même après la suppression tacite de toutes ces entraves intervenue le 30 juin 1960, la proportion des Congolais qui vivent en dehors de leurs provinces de naissance, reste faible, hormis les migrations des ruraux vers les villes, particulièrement vers la ville de Kinshasa, qui prirent de l’ampleur au fil du temps (Lututala et Zamwangana, 1998), à la suite notamment des premières rébellions des années 1960-1965 et de la détérioration des conditions de vie en milieux ruraux (Ngoie et Vwakyanakazi, 2008).

Le recensement de 1984 qui, pour la première fois, a collecté de manière systématique les données sur le lieu de naissance, a montré que seuls 7,2% de la population vivaient dans une province autre que leur province de naissance.

La ville de Kinshasa enregistrait la proportion d’immigrants internes la plus importante (39,3%), alors que la deuxième province d’immigration du pays (le Katanga) n’avait qu’une proportion de 10,0%.

Les immigrés de Kinshasa représentaient 47% de l’ensemble des immigrés-durée de vie internes du pays (INS, 1991).

Par ailleurs, la matrice des échanges migratoires entre les différentes provinces de la RDC obtenues du recensement de 1984, présentée dans le tableau n°13 ci-dessous, montre que la plupart des migrations internes se déroulaient entre les provinces voisines.

C’est ainsi que parmi les immigrés rencontrés à Kinshasa, 32,3% et 32,6% sont nés respectivement dans les ex-Provinces du Bas-Congo et du Bandundu.

Parmi ceux rencontrés dans l’ex-province du Bas-Congo, 75,4% et 11,5% sont respectivement natifs de la ville-province de Kinshasa et de l’ex-Province du Bandundu.

De même, pour ceux rencontrés dans l’ex-Province du Kasaï-Oriental, 58% et 31% sont nés respectivement dans les ex-Provinces du Kasaï-Occidental et du Katanga, etc. (INS, 1991).

D’après le résultat de l’enquête 1-2-3 de l’INS (2005), environ 71% des Kinois sont nés à Kinshasa et seulement 29% séjournaient dans une autre localité avant de venir s’installer à Kinshasa.

Plus de la moitié de ces immigrants (55%) ont moins de 40 ans et sont arrivés à Kinshasa ces dernières 20 années.

On dénombre autant de femmes que d’hommes dans cette population d’immigrants. La migration à Kinshasa est essentiellement urbaine.

En effet, 71,2% des immigrants viennent d’un autre milieu urbain (chefs-lieux de province ou de district, autres villes) avant de s’installer à Kinshasa, 27,1% viennent directement du milieu rural et 1,8% viennent de l’étranger.

Les principaux motifs qui justifient les mouvements migratoires vers Kinshasa sont les suivants : regroupement familial (53,4 %), poursuite des études (20,6%), (étant donné la concentration à Kinshasa des infrastructures scolaires et universitaires), et la recherche d’un emploi (11,3%).

Contrairement à l’opinion communément admise, les déplacés de guerre ne représentent que 1,7% de l’ensemble des migrants.


D’après le résultat de l’enquête 1-2-3 de l’INS (2012), le phénomène migratoire semble se limiter au regard de l’histoire tourmentée du pays et des déplacements de population engendrés par les conflits.

Au niveau national, moins d’un habitant sur cinq (18,4%) n’a pas toujours vécu dans la localité où il réside actuellement (Tableau n°14, ci-dessous).

Le taux d’immigration ne varie pas selon le milieu (urbain ou rural). Seule la capitale se distingue avec une proportion d’immigrants plus faible que la moyenne (14,8%).

Les femmes immigrent légèrement plus que les hommes (19,4% contre 17,3% pour les hommes), la différence n’étant significative que dans le milieu rural d’après l’enquête.

L’origine des immigrants se répartit à parité entre milieux urbain et rural, avec respectivement 47,9% et 50,8%.

La part des immigrants en provenance de l’étranger est tout à faitminime puisque ces derniers ne représentent que 1,3% des migrants.

En milieu rural, les immigrants sont eux-mêmes majoritairement issus des campagnes (62,5%).

Inversement, en ville environ deux tiers (66,4%) des immigrants étaient déjà des urbains avant de migrer.

C’est à Kinshasa que la proportion d’immigrants urbains est la plus élevée avec 76,9%.

Tout se passe comme si les migrations internes se passaient par étapes successives : des zones rurales vers les villes secondaires, et de ces dernières vers la capitale.

La migration est avant tout motivée par la nécessité ou l’envie de suivre ou de rejoindre sa famille (regroupement familial).

Cette raison est invoquée par près de la moitié (47,2%) des immigrants kinois, (47,3%) des immigrants dans l’ensemble du pays et ce, quel que soit le milieu de résidence actuel.

On migre également pour poursuivre des études (7,6%) des immigrants dans l’ensemble du pays et (18,8%) des immigrants kinois. Pour raison d’emploi (8,9%) des immigrants dans l’ensemble du pays et (10,3%) des immigrants kinois.

La migration peut également être forcée, puisque 7,5% des migrants ont dû se déplacer à cause des conflits.

Ces migrations provoquées par la guerre sont plus fréquentes à la campagne qu’en ville, et c’est même un motif marginal chez les immigrants de Kinshasa (2,1%).

A contrario, Kinshasa enregistre la plus forte proportion de ceux qui sont venus poursuivre des études, pour profiter des institutions scolaires concentrées dans la capitale.

Quant aux migrations économiques, elles varient peu en fonction du milieu de destination : si 10,3% des immigrants de Kinshasa y sont venus pour trouver un emploi, c’est également le cas de 8,2% des immigrants des campagnes.


La pyramide des âges l’a déjà démontré, Kinshasa n’est plus une ville à forte proportion de jeunes adultes immigrants.

En fait, 71% de Kinois sont nés à Kinshasa ; ils sont jeunes. Schématiquement, nous pouvons dire que la plupart des enfants sont des citadins de naissance, alors que leurs parents ont presque tous grandi à l’intérieur du pays.

Une profonde transformation des mentalités doit nécessairement en résulter pour faire face à cette transition démographique.

L’intérêt de ces observations est de montrer que, malgré l’équilibre démographique général, un appel migratoire persiste dans la capitale congolaise – bien qu’à de proportions faibles –, que des mesures extérieures ne peuvent étouffer.


Léon De Saint Moulin (2010), dans son étude sur « Ville et organisation de l’espace en RDC », indique que l’exode rural intervenait globalement pour 60% dans la croissance urbaine de 1958 à 1970, pour 45% de 1970 à 1975, pour un tiers de 1975 à 1984 et pour 20% seulement depuis 1984.

Ce ralentissement est certain, car le rythme de la croissance urbaine s’est progressivement rapproché du simple taux de l’accroissement naturel, particulièrement élevé dans les villes du pays, notamment Kinshasa.

Ces hypothèses reviennent à imputer à l’exode rural une intervention dans la croissance urbaine pour un taux d’accroissement annuel moyen de 5,5% de 1958 à 1970, d’un peu moins de 3% de 1970 à 1975, de 1,1% de 1975 à 1984 et d’un peu moins de 1% de 1984 à 1989 (L. De Saint Moulin, 2010 : 110).

Ces résultats indiquent que les contacts entre les milieux ruraux et les villes se sont considérablement réduits.


Aux origines, les villes de la RDC en général, et Kinshasa en particulier, doivent leur croissance par l’arrivée des travailleurs migrants seuls, sans leurs épouses.

D’où la surmasculinité des villes comme Kinshasa jusqu’aux années 1930-1940.

C’est pour réduire les effets du travail des migrants que ceux-ci ont été autorisés à être rejoints par leurs épouses (Lututala M., 1987).

Si la population de Kinshasa continue d’augmenter et atteint des chiffres impressionnants, cette croissance, amorcée à un rythme vertigineux à la fin de la période coloniale, est aujourd’hui fortement freinée par une série de limite du système socio-économique qui assure des avantages importants aux populations urbaines.

Kinshasa constitue, en effet, un puissant centre d’innovation et de diffusion technologiques et de culture.

Cette croissance urbaine accélérée est plus imputée au nombre des naissances qu’à l’exode rural.


Le dynamisme démographique et spatial des zones périphériques, n’est pas seulement le fait de l’exode rural, mais il est surtout l’une des conséquences des migrations résidentielles intra-urbaines et des populations nées à Kinshasa.

En outre, le fait que cette population est très jeune (surtout dans sa périphérie), favorable à une forte fécondité dans un contexte où la planification familiale est presque inexistante.

La fécondité en milieu urbain est plus élevée que la fécondité en milieu rural.

C’est aussi en milieu urbain surtout que des naissances sont très rapprochées. (Makwala M. & Luyinduladio N., 2011).


Une autre hypothèse retenue est celle de la stabilisation des migrations vers Kinshasa (INS, Enquête 1-2-3-, 2012), par le fait que Kinshasa n’est plus la seule porte d’entrée en RDC.

Toutes les provinces frontalières offrent désormais d’importantes facilités d’importation qui étaient dévolues jadis à la ville de Kinshasa ; et même la création des Universités et Instituts Supérieurs privés et officiels dans toutes les provinces est un élément important à relever dans l’hypothèse d’une stabilisation de la migration, la poursuite des études étant l’une des raisons majeures de la migration vers Kinshasa.

Ces Universités et Instituts Supérieurs retiennent sur place une masse importante des migrants potentiels.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *