Evolution annuelle de la population, superficie habitée et occupation du sol de la ville de Kinshasa
De toutes les variables disponibles pour caractériser un territoire ou rendre compte de son urbanisation, la population est une variable privilégiée.
Un rythme d’expansion rapide est une première caractéristique fondamentale de l’histoire de Kinshasa (L. de Saint Moulin, 2010 : 241).
La croissance spatiale de Kinshasa est rapide, surtout après l’Independence, son rythme se rapprocherait de celui de la croissance de sa population.
Tant que cette dernière composante était contrôlée et maîtrisée par le pouvoir colonial, l’occupation de l’espace se faisait dans le respect des règles d’urbanisme et s’est appuyait sur le développement de la fonction industrielle.
Depuis l’indépendance, on a pas du tout assisté à une croissance analogue.
Le tableau n°8 ci-dessous, donne l’évolution annuelle de population et celle de la superficie habitée de Kinshasa.
La densité de la population de Kinshasa, tout comme sa répartition spatiale, ont évolué au fil du temps.
En effet, la ville de Kinshasa ne s’étendait que sur une superficie d’environ 1.400 hectares en 1920 tandis qu’en 1967, la superficie de l’agglomération couvrait déjà 20.160 hectares dont 9.470 hectares pour l’habitat hormis les communes de Maluku, Mont Ngafula et N’sele, communes périphériques où la ville s’étale (L. De Saint Moulin, 2010 ; Lelo N., 2011).
A partir des années 70-80, suite à l’échec des différents plans d’aménagement urbain, Kinshasa va connaitre un accroissement important de sa superficie habitée. 17.922 hectares en 1975, 26.000 hectares en 1984 puis 45.000 hectares en 2012.
Entre 2010 et 2012, le taux d’accroissement annuel moyen de la superficie habitée a augmenté de 2% l’an.
Les taux d’accroissement de la superficie habitée montrent qu’avec une croissance démographique rapide (environ 5% l’an), Kinshasa infère à la création des besoins en nouveaux logements, qui est l’élément majeur à l’origine de l’étalement urbain.
La ville s’étend très rapidement sur ses marges, essentiellement vers l’Est et le Sud-ouest, le long des routes de Matadi et du Bandundu, permettant un accès en transport en commun vers le centre-ville qui polarise l’essentiel des emplois urbains.
La figure ci-dessous, donne l’évolution de la surface urbanisée (habitée) de 1923 à 2012.
La conclusion de ces diverses données est que, l’expansion urbaine ne présente aucun signe d’un ralentissement tant soit peu sérieux.
Le Rapport Général de 1967, estimait déjà qu’un doublement de la population dans les dix prochaines années, était une hypothèse extrêmement probable.
L. De Saint moulin (2010), en a également estimé qu’à partir de la population de 2001, la population de Kinshasa, pourrait doubler de deux fois à l’horizon 2030.
Ce qui nous laisse conclure que, la forte mobilité à l’intérieur de la ville laisse supposer qu’une nouvelle structuration spatiale est en train de s’introduire.
2.3.3.1. Occupation du sol dans le district urbain de Kinshasa
Comme on peut le constater sur le tableau n°9 ci-dessous, le mode de calcul de la densité basé sur le rapport brut entre la population totale et la surface totale, ne reflète pas la réalité du terrain.
En effet, les limites administratives de la ville, soit une superficie de 9.965 Km2, englobent de vastes territoires qui ne sont pas encore habités.
Cela fausse le calcul de la densité urbaine. En supprimant dans ce rapport des espaces non bâtis, c’est-à-dire les étendues libres non habitées, la densité de la population kinoise monte considérablement.
Avec une population estimée à 10.726.725 habitants en 2012, la densité réelle est d’environ 18.162 habitants au Km2 par rapport à l’espace aggloméré de 590,6 Km2.
Le tableau n°9 montre que la superficie agglomérée (bâtie) de Kinshasa n’occupe pas plus de 6% de la superficie totale du district urbain, soit 590,6 Km².
Les 94% des limites administratives de Kinshasa, soit 9.374,6 Km² sont occupées par des zones urbano-rurales : les domaines agro-pastoraux, les terrains non aedificandi et les eaux.
En 2012, la densité brute était de 1.076 habitants au Km2 (soit 10. 726.725 habitants /9.965 Km2).
En considérant la partie agglomérée, c’est-à-dire la partie urbanisée, qui représente 6%, soit 590,6 Km2 du bâti, la densité réelle était de 18.162 habitants au Km2 (soit 10.726.725 habitants/590,6 Km2).
Occupation du sol urbain de Kinshasa par l’habitat et les fonctions urbaines seulement
La partie urbanisée de Kinshasa couvre un territoire très important, de l’ordre de 45.000 hectares.
La carte du mode d’occupation du sol distingue :
- Au niveau de l’habitat : les cités planifiées et aménagées, les quartiers résidentiels de haut standing, les quartiers d’auto-construction ;
- Au niveau des fonctions urbaines : le centre politico-administratif, le quartier des affaires, le centre commercial, les zones industrielles, les grands équipements, les camps militaires, les espaces verts et sportifs urbains ;
- Au niveau des zones naturelles : les espaces agricoles, les zones inondables et les berges des cours d’eau, les zones non encore urbanisées, ne sont pas repris dans le tableau n°10 ci-dessous.
Il nous faut donc pousser loin l’esprit de précision pour calculer la densité urbaine de Kinshasa par rapport à la véritable surface résidentielle. La densité nette sera donc l’occupation des logements (quartiers résidentiels de haut standing et quartiers d’auto-construction) et fonctions urbaines (centre politico-administratif, quartier des affaires, centre commercial, zone industrielle, grands équipements camps militaires, espaces verts et sportifs urbains) sur la superficie du territoire. Ce qui nous donne, par rapport à l’habitat et les fonctions urbaines en 2012, une densité nette de 23.837 habitants au Km2 (10.726.725 habitants/450 Km2). Elle exclut tous les lieux et les espaces qui ne touchent pas à l’habitation (les espaces agricoles, les zones inondables et les berges des cours d’eau). En faisant cette nuance, la partie urbanisée (habitat et fonctions urbaines) de Kinshasa aujourd’hui occupe 45.000 hectares (450 Km2), tel que le démontre le tableau ci-dessous. Il apparaît au premier abord que les fonctions urbaines occupent une place très minoritaire par rapport à l’habitat (13 %). Une ville qui n’a pas entre 20 et 30% de son sol occupé par d’autres fonctions que celles de l’habitat (87%) est en fort déséquilibre. Les quartiers d’auto-construction représentent 77% de l’habitat et cela fait réfléchir. Les équipements publics sont trop peu représentés (13%) et les zones où l’on trouve de l’emploi également.
Il est donc clair que la croissance de la population dans une ville augmente la pression de la demande des biens et services. Plus elle augmente, plus il faut de ressources, pour mettre en place des infrastructures et équipements, ce qui appelle un développement urbain durable. Par conséquent, pour subvenir aux besoins de cette population, il faut prendre en compte dans les plans d’aménagement et de développement urbain, la variable démographique. C’est l’un des objectifs de la démographie économique qui consiste de concilier la population à ses fonctions urbaines et comprendre par quels mécanismes y parvenir.
Comme on peut le constater dans la figure ci-dessous, l’extension massive dans l’Est de l’agglomération, vers les communes rurales périurbaines, se fait au détriment des travaux d’infrastructures publiques, des services de base et du développement de la fonction industrielle. La figure nous montre l’occupation du sol urbain de Kinshasa dans ses fonctions urbaines et son habitat. 2.3.3.3. Probables futurs terrains d’extension
L’urbanisation à Kinshasa, comme partout dans le monde suit, quand il n’y a pas de contrôle, l’accessibilité et la disponibilité en terrain. On entend souvent dire qu’il ne se pose pas de problème d’espace à Kinshasa, car les communes urbano-rurales de Maluku et N’sele qui représentent près de 90% de la superficie de la ville-province de Kinshasa sont très peu peuplées et offrent des possibilités d’extension de la ville. Cependant, la position actuelle à l’extrême Ouest de la ville-province, et la configuration topographique dans laquelle elle se trouve, n’offrent pas les possibilités qu’on voudrait bien lui prêter (BEAU, 2003). Il est vrai que la commune de la N’sele et le plateau des Batékés dans la commune de Maluku offrent une vaste étendue plane et facilement urbanisable ; mais ils présentent aussi plusieurs contraintes. C’est une zone éloignée de la ville actuelle (plus de 60 km).
L’analyse des zones qui entourent Kinshasa est donc primordiale à ce stade, pour évaluer les capacités du site à absorber les extensions attendues de la ville. L’extension de la ville a toujours été préconisée vers l’Est (BEAU, 1975) ; c’est l’autre front d’urbanisation important que l’on observe actuellement. L’étalement urbain vers cette partie Est de Kinshasa nécessite des voies de transport urbain et d’autres infrastructures.
L’Habitat dans la ville de Kinshasa pose énormément des problèmes par le manque d’une politique en la matière d’une part, et par des constructions anarchiques, la naissance des nouveaux quartiers sans urbanisation surtout en périphérie de la ville et, les mauvaises conditions de vie et la promiscuité, d’autre part. Cette situation est consécutive au manque d’un plan d’aménagement urbain, à la non maitrise de la population, de l’espace à consommer en termes des besoins en logements dans le processus de l’étalement urbain. Il est donc impérieux pour le Gouvernement de s’y pencher pour une amorce de solution à ce problème, en mettant en place des schémas d’extension urbains, pour accompagner et sécuriser l’étalement urbain de la ville de Kinshasa et l’orienter vers l’éco-urbanisme20.
2.3.3.4. Estimation des besoins en matière de logement à l’horizon 2015 selon l’ENHAPS21
L’Etat congolais, dans sa Constitution de 2006, en son article 48, garantit « le droit à un logement décent ». Mais, cette disposition constitutionnelle semble s’être transformée en un simple slogan. Le logement social à Kinshasa n’est pas perçu comme un droit essentiel et constitutionnel dont l’Etat doit assurer la charge. Comme conséquence, la crise du logement frappe la ville de plein fouet. Les paragraphes qui suivent décrivent la manière dont la crise du logement a entraîné la spéculation locative, foncière et immobilière.
Kinshasa n’a plus fait l’objet d’une politique de logements sociaux depuis 1980, alors que sa population augmente sans cesse. Le logement reste le problème majeur de cette croissance urbaine mal maîtrisée d’où un habitat qui s’accroit dans l’anarchie et compromet le développement urbain durable. Le rythme d’urbanisation ne rime pas avec la croissance économique comme jadis avant 1960. Il se fait plutôt sur fond de pauvreté. Il n’y a plus aucun programme de construction
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